Antisexy a dit quelqu'un pour décrire le premier album de Earl Sweatshirt. Fils du poète Keorapetse Kgositsile - figure de la poésie afro-américaine des 70's et d'un Panafricanisme catalysé par jazz, sous influence Gil Scott Heron revendiquée, Earl Sweatshirt néglige pourtant le champ politique pour  consacrer ses textes à broyer ses turpitudes torturées. Adolescent, son écriture sombre et désinhibée est à ce point affranchie des convenances adultes que sa mère affolée le fait interner en centre de redressement - déclenchant jusqu'à son retour un "free Earl" passionné dans le public qui suit ses faits et gestes. Rugueux, étouffants et lourds comme une menace d'orage cataclysmique sur Harlem, les titres du premier album de Earl frappent avec la puissance de l'éruption et transcendent les styles. Leur interprétation sur scène ne saurait être que cruciale, scellant en situation d'urgence la fusion des magmas intimes et de l'excitation du concert.