Attention l’affaire est sérieuse puisqu’il est ici question de Soul. Sans décorum, sans gadgets, sans falbalas. La Sweet Soul Music de l’évangile écrite par Peter Guralnick, celle du Dictionnary of Soul d’Otis Redding, celle que l’on craignait de voir étouffer sous la contrefaçon et l’hommage tue l’amour.
Charles Bradley possède le talent, la voix et le vécu qui autorisent à chanter sans réserve ce mélange quasi inexprimable de douleur qui broie l’âme et de jubilation qui exalte le corps. L’affaire est sérieuse vous dit-on et Charles Bradley peut sans jouer du coude venir se poser dans l’ombre portée de l’Apollo Theater de Harlem, qui aura consacré la mise en scène de cet art populaire, fusion accomplie d’entertainment explosif et de blues profond. Jouer la soul est une affaire collective, engageant sans réserve discipline, rigueur, lâcher-prise maîtrisé et swing ; dans cet exercice, pesons nos mots, le Menahan Street Band (His Extraordinaries) est tout bonnement extraordinaire, touche au Graal orchestral et décline, avec un amour infini, respect et finesse mais sans déférence déplacée, les préceptes posés en leurs temps par les splendides machines à jouer labellisées Stax, Atlantic ou Hi-Records ou par les Famous Flames de James Brown. 

Charles Bradley de retour sur notre scène : We Got More Soul !