J.C. SATAN + GRAND BLANC

Punk si l’on en rejette les clichés pour en chercher l’essence, Hardcore au sens littéral du terme, Rock’n’Roll sans doute si tant est que ce mot ait encore un sens commun, Garage si l’on considère que ce n’est qu’une idée qui traverse tout… il n’est pas question de genre mais de projet quand il s’agit de parler de JC Satan. Celui d’un groupe-véhicule inventé par une poignée d’êtres humains qui se refusent à admettre quoi que ce soit et encore moins l’inéluctable. Une affaire très importante parce ce qu’elle se joue à nu, les doigts dans la prise, dans la rage ironique et la jubilation distordue, avec humour et élégance et parce qu’elle provoque les passions chez les plus raisonnables d’entre nous.

Grand Blanc a l’odeur sulfureuse du parfum de l’adolescence, celle où l’esprit n’est pas à la fête ou alors une fête noire. » La biographie joue la mise à nu et on ne s’en étonne pas ; Grand Blanc a cogné ses années fraiches aux étroitesses de l’époque et le groupe, à la fois exutoire et construction, semble mu par l’absolue nécessité d’être. Au-delà des formes, synthétiques et tourmentées autant qu’organiques, c’est le propos qui bouscule, sa virulence presque glaçante à force de calme, sa précision articulée dans des textes qui dédaignent la pudeur sans concéder l’élégance.

Entre le mythe du Tabula Rasa et celui de la Rank Xerox, l’interstice est étroit pour qui s’inscrit dans les traces d’ainés choisis. Synthèse électrique de ses passions lettrées pour l’after-punk, la new-wave ou le shoegaze, Von Pariah transcende les genres en les incarnant sur scène sans distance ni clin d’œil. Ce premier degré là est celui d’un engagement rare dans un répertoire abrasif et soigné.

Un quatuor rock squattant l’un des pays les plus pauvres et corrompus du monde : Madagascar… » : oubliez l’enragement exotique, celui-ci vient des tripes. Dès lors, il parle à tout un chacun depuis son for intérieur, jouant de l’électricité jusqu’à en stoker, cherchant dans la catharsis l’instant où tout est dit.