ARCHIVE

Depuis longtemps le parcours d’Archive frise l’exhibitiautisme. Danny G et Darius Keller semblent ne sortir leurs albums que lorsqu’il leur est devenu impossible de faire autrement, disques malades et habités par une espèce de nécessité malsaine de coucher les chaos intérieurs sur la bande, disques courageux et orgueilleux qui jamais ne s’efforcent de séduire les dance floor ni les cocoons douillets et bourgeonnants, disques prétextes à de nouvelles aventures scéniques. La complicité au long cours entre Artefact et Archive, initiée lors d’un 3×8 Dance Floor de belle mémoire, se poursuit et nous découvrirons pour cette date au festival Holly Martin, la nouvelle voix du groupe.

Quête nonchalamment déraisonnable de l’extase, domestication affectueuse des tourments du cœur, Benjamin Biolay fréquente les mélancolies morbides et les passions rêveuses comme d’autres la terrasse du Flore. Il y puise sans y toucher la matière de chansons au romantisme moderne et aux solitudes conviviales. Ses exaltations savent se faire complices et inviter ceux qui croisent le chemin de ses chansons à s’y attarder, voire s’y oublier, le temps d’un disque ou d’un récital.

Connu comme auteur des clips de Yelle, Moby, The Shoes, Katy Perry et Lana Del Rey, Yoann Lemoine développe avec Woodkid une trajectoire de songwriter qui ne boude ni l’audace ni la fragilité. Lumineuses, épiques (voire symphoniques) ou tendues, les chansons de Woodkid se coulent avec évidence dans un bain d’amours folks et de rêveries new-yorkaises ; la voix qui les chante les emporte quelques ponts plus loin encore, dans des territoires intimes qui nous appartiennent.

Lou Doillon a donc transformé en évidence ce qui était un geste pour le moins risqué… A travers un répertoire qui tutoie avec ce qu’il faut de distance et d’autorité le folk sépulcral de légendes urbaines et le laisser-faire lo-fi, elle affirme un style qui sait rencontrer l’époque dans un bel emballement qui l’amène à être consacrée artiste féminine de l’année aux Victoires de La Musique. Le geste intime est devenu partagé autour d’un disque qui aura marqué l’automne et dont le passage à la scène emmène les chansons jusqu’à notre printemps.

La relève des armées de la nuit aime le nouveau crépuscule européen et investit insidieusement l’époque. Lescop, est allé naître à Londres au cœur des fantasmes du Matthieu du même nom pour envisager le vieux continent en néo jeune homme moderne. L’intensité convoquée est celle d’un panthéon qui interpelle autant nos héros électriques que Piaf ou Brel : Lescop transcende ses influences dans la forme et dans le geste.

« On n’est pas sérieux quand on a dix-huit ans »… Taxi Girl s’emparait de Rimbaud sans complexe, La Femme pioche dans toutes les Armées de La Nuit sans sourciller. Prime au talent et à l’inspiration, prime à la morgue « sur la plage, dans le sable, je recherche des sensations ». La posture est éternelle, le geste est d’époque, la nôtre, la leur.