« Pay attention, we’re Wire » : se contraindre à la position de spectateur, se rendre disponible, assumer tous les risques inhérents, se mesurer sans échappatoire à ce contact direct avec la forme. Cérébrale autant que physique, bousculant émotion et raison, la violence de Wire est celle dont nous pouvons avoir besoin pour encaisser nombre de nos désarrois révoltés d’adultes aux prises avec les réalités du monde. En presque quarante ans, et bien plus de 47 objets d’une implacable rigueur, d’une extraordinaire pertinence, sont ainsi venus extraordinairement percuter notre quotidien, lui donner corps, le formaliser, et, l’installant juste en face de nous, nous permettre de planter notre regard jusque dans son for intérieur. Pour comprendre la trajectoire que nous propose Wire, sans doute faut-il considérer le temps comme un volume, dans lequel on se déplace sans cesse, plutôt qu’une ligne sur laquelle on court.
Wire, à nouveau officiellement quatuor, toujours propulsé par la dynamique du "fait accompli", augmente sans cesse son répertoire de compositions ciselées jusque dans le maelström, débarrassées des complications pour tutoyer d'autres complexités, architectures vivantes que la pratique scénique vient éclairer singulièrement chaque fois qu'elles sont mises en jeu.